Les masques que l’on porte
- Charlotte Mader
- 18 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 juin
Vous êtes-vous déjà surpris à jouer un rôle, à adapter votre comportement selon le contexte, à cacher une partie de vous-même pour mieux vous intégrer ou vous protéger ?
Le port du masque social devient souvent un réflexe de survie, mais aussi une source de fatigue et de questionnements sur l’authenticité. Pourquoi portons-nous ces masques et quel rôle ont-ils ? Que disent-ils de notre identité et de nos relations à autrui ?

Pourquoi portons-nous des masques ?
Friedrich Nietzsche, dans ses réflexions sur la nature humaine, évoque l’idée que chaque individu porte des masques en société, cachant souvent ses véritables pensées, émotions et motivations.
Pour les hypersensibles et neuro-atypiques, ces masques servent à s’adapter à des environnements qui ne tiennent pas toujours compte de leur singularité. Ils permettent de se protéger, de se conformer, mais aussi de naviguer dans des situations sociales parfois complexes.
Qu’est-ce qu’un masque social ?
Un masque social, c’est une attitude ou un comportement adopté dans un contexte précis, en réponse à des codes ou des normes attendus. Par exemple, l’attitude que vous adoptez en réunion professionnelle n’est pas la même que celle que vous avez avec vos proches. Cette « façade » évolue selon les interactions et les environnements.
Les différents masques que l’on porte
Voici une liste non exhaustive des masques les plus courants :
- Le masque social : pour répondre aux attentes de la société, on affiche parfois une émotion qui ne correspond pas à ce que l’on ressent réellement. C’est la fameuse dissonance émotionnelle, fréquente chez ceux qui doivent rester souriants malgré la fatigue ou la tristesse
- Le masque de compétence : on se montre sûr de soi, compétent, même quand on doute intérieurement. Ce masque est courant dans le monde professionnel, surtout lors de périodes de changement ou de stress
- Le masque de la conformité : pour être accepté, on s’adapte aux normes du groupe, parfois au détriment de ses propres valeurs. Les personnes avec un handicap invisible ou une neuro-atypie y sont particulièrement confrontées, cherchant à éviter le rejet
- Le masque de la vulnérabilité : à l’inverse, il arrive que l’on affiche sa fragilité pour susciter la compassion ou l’aide des autres, parfois inconsciemment
- Le masque de l’indifférence : pour se protéger des blessures émotionnelles, on peut adopter une attitude détachée, alors qu’en réalité, on ressent intensément les choses
- Le masque de la moralité : on cherche à être perçu comme irréprochable, cachant ses propres failles derrière une façade de vertu
- Le masque de l’intellect : on se présente comme expert ou penseur pour masquer un sentiment d’insécurité ou un manque de connaissance sur un sujet
- Le masque de la séduction : on joue un rôle pour attirer l’attention ou l’affection, dissimulant ses véritables intentions ou besoins
Le rôle protecteur des masques
Ces masques, souvent portés inconsciemment, sont essentiels pour s’adapter et se protéger dans un monde qui peut être perçu comme agressif ou incompréhensif.
Nietzsche disait : «Tout esprit profond a besoin d’un masque ».
Le masque n’est pas un mensonge, mais un bouclier, une carapace qui permet de préserver son intériorité et d’éviter d’être enfermé dans une seule image ou une seule vérité.
Trouver l’équilibre : authenticité et protection
Pour les hypersensibles et neuro-atypiques, la difficulté réside dans l’équilibre entre protection et authenticité. Les masques sont utiles, mais ils ne doivent pas devenir une prison. Il s’agit d’apprendre à choisir consciemment quand se voiler et quand se dévoiler, à cultiver une authenticité qui n’est pas une exposition totale, mais un discernement dans la relation à soi et aux autres.
Exercice de coaching : Prendre conscience de ses masques
La première étape vers une plus grande cohérence de soi est la prise de conscience.
Demandez-vous :
- Quels masques portez-vous, consciemment ou inconsciemment ?
- Dans quels contextes ressentez-vous le besoin de vous adapter ?
- Quels seraient les risques et les bénéfices à laisser tomber certains de ces masques, même ponctuellement ?
Porter un masque n’est pas une faiblesse, c’est souvent une forme d’intelligence sociale et de protection. Mais pour vivre en accord avec soi-même, il est essentiel d’apprendre à les reconnaître, à les apprivoiser, et à choisir quand les porter ou les déposer. C’est ainsi que l’on peut avancer vers une authenticité apaisée, respectueuse de sa sensibilité et de sa singularité.
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