Comment développer son assertivité au travail
- Charlotte Mader
- 27 oct.
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 nov.
Vous arrive-t-il de regretter d'avoir dit "oui" alors que vous pensiez "non" ?
Dans le cadre de vos fonctions managériales, vous êtes-vous déjà retrouvé à accepter des demandes qui compromettaient vos priorités ? Ou à l'inverse, à réagir avec plus de fermeté que vous ne l'auriez souhaité ?
Ces situations du quotidien révèlent souvent un déséquilibre dans notre façon de communiquer. Dans cet article, découvrez ce qui vous empêche d'être réellement assertif au travail et des pistes concrètes pour développer votre assertivité.

Plan de l'article :
Définition de l'assertivité
Le mot assertivité vient de l'anglais assertiveness. Ce concept a été introduit au XXe siècle, par le psychologue Andrew Salter qui la définit comme "la capacité à s’exprimer et à défendre ses droits sans empiéter sur ceux des autres".
Il s'agit d'une posture de communication qui permet d'exprimer ses besoins, opinions et limites de manière claire et directe, sans agressivité ni soumission. Une personne assertive sait poser un refus sans culpabiliser, exprimer un désaccord sans générer de conflit, et formuler une demande sans craindre le jugement.
Les deux écueils qui éloignent de l'assertivité
Beaucoup d’entre nous naviguent entre deux extrêmes : l’ombre de la passivité et la sur-réaction agressive.
Ce n’est pas tant un choix conscient que le résultat de mécanismes profondément ancrés dans notre histoire, souvent reproduits de manière inconsciente dans le monde professionnel.
L'assertivité se situe à l'équilibre entre la passivité, qui consiste à s'effacer au profit d'autrui, et l'agressivité, qui impose ses besoins au détriment de l'autre.

Une personne qui adopte une communication passive fait systématiquement passer les besoins des autres avant les siens. Elle s'efface, minimise ses propres attentes et évite tout ce qui pourrait ressembler à une confrontation.
Formulations typiques d'une communication passive :
"Ce n'est pas problématique, je m'adapterai aux contraintes..."
"Comme vous le souhaitez, je n'ai pas de préférence particulière" (alors que ce n'est pas le cas)
"Je ne voudrais surtout pas m'imposer..."
"Vous avez probablement raison, mon analyse est peut-être erronée..."
"Ce point n'est pas essentiel" (en évoquant ses propres besoins)
À l'opposé, une personne adoptant une communication aggressive fait passer ses besoins en priorité, fréquemment au détriment de ceux de ses interlocuteurs. Elle impose, exige et laisse peu de place au dialogue constructif.
Formulations typiques d'une communication agressive :
"La décision est prise, il n'y a pas à discuter"
"Vous ne saisissez manifestement pas les enjeux..."
"Si cela ne vous convient pas, libre à vous de partir"
"J'en ai assez de ces atermoiements, maintenant on fait comme je dis"
"De toute manière, votre position est indéfendable"
Comprendre ce qui entrave le développement de l'assertivité
Si vous tendez vers la passivité
Derrière cette difficulté à s'affirmer se cachent généralement plusieurs craintes :
La peur de blesser l'autre. Vous imaginez déjà la déception ou la tristesse dans les yeux de votre interlocuteur. Résultat : vous vous taisez, au prix de votre propre bien-être.
La peur de déranger. "Les autres ont sûrement mieux à faire", "je ne vais pas embêter tout le monde avec mes problèmes"... Ces pensées automatiques vous poussent à garder vos demandes pour vous.
La peur du conflit. Vous confondez désaccord et rupture. Exprimer une opinion différente vous semble risqué, comme si cela pouvait compromettre définitivement la relation.
Le manque de confiance dans vos propres jugements. Vous doutez de la légitimité de votre ressenti, préférant vous ranger à l'avis des autres plutôt que de défendre le vôtre.
La recherche excessive d'harmonie. Vous êtes prêt à tous les compromis pour maintenir une paix apparente, quitte à accumuler frustration et ressentiment.
Si vous tendez vers l'agressivité :
Des émotions refoulées ou non exprimées au bon moment. Quand on ne dit rien sur le moment, la cocotte-minute finit par exploser. L'agressivité n'est souvent que l'accumulation de petites frustrations non exprimées.
La peur que l'autre prenne le dessus. Par anticipation, vous attaquez avant d'être attaqué, vous imposez avant qu'on ne vous impose. C'est une forme de défense préventive.
Un manque de confiance et de légitimité. Paradoxalement, l'agressivité cache souvent un manque d'assurance. On force le ton parce qu'on craint que notre parole ne soit pas entendue autrement.
Pistes de développement pour une communication assertive
Pour les profils à tendance passive :
Reconsidérez votre crainte de blesser. Cette appréhension diminue considérablement lorsqu'on soigne sa formulation. Utilisez par exemple la méthode OSBD (Observation, Sentiment, Besoin, Demande) issue de la Communication Non Violente. Au lieu de : "Vous ne prenez jamais en compte mes analyses", privilégiez : "Lors des trois dernières réunions, mes propositions n'ont pas été intégrées dans la décision finale (Observation). Je me sens mis à l'écart (Sentiment), car j'ai besoin de contribuer activement aux orientations de l'équipe (Besoin). Pourrions-nous prévoir un moment dédié pour examiner mes suggestions ? (Demande)"
Questionnez votre peur de déranger. Elle est souvent largement surestimée. Si vous dérangez vraiment, la personne vous le fera savoir. Et si elle ne le fait pas, c'est qu'elle était probablement disponible. Faites confiance aux autres pour gérer leurs propres limites.
Distinguez désaccord et conflit. Exprimer son désaccord n'équivaut pas à partir en guerre. On peut être en désaccord tout en préservant des liens de qualité. Inspirez-vous de l'approche de Harvard pour une négociation "gagnant-gagnant" : séparez les personnes du problème, focalisez-vous sur les intérêts de chacun plutôt que sur les positions figées, développez des solutions bénéfiques pour tous, et appuyez-vous sur des critères objectifs.
Vérifiez vos croyances sur vos jugements. Est-il vraiment si fréquent que vos jugements soient erronés ? Ou s'agit-il simplement d'un mécanisme de protection pour éviter de vous exposer ? Notez pendant une semaine les fois où votre intuition était juste. Vous serez probablement surpris du résultat.
Pour les profils à tendance aggressive :
Accueillez vos émotions en temps réel. Apprenez à identifier ce que vous ressentez au moment où cela se produit. Analysez le besoin non satisfait derrière l'émotion et exprimez-le au bon moment, à la bonne personne. Cela évite les accumulations qui mènent aux explosions.
Suscitez l'intérêt de votre interlocuteur. Plutôt que d'imposer votre point de vue, invitez l'autre à le découvrir avec vous. Posez des questions, montrez-vous curieux de sa perspective. Un véritable échange se construit à deux, pas dans un monologue autoritaire.
Nourrissez progressivement votre confiance. Petit à petit, exercez-vous à exprimer vos opinions de manière claire mais posée. Observez que vos idées peuvent être entendues sans qu'il soit nécessaire de forcer le ton. Plus vous gagnerez en assurance légitime, moins vous ressentirez le besoin de compenser par l'agressivité.
L'assertivité en pratique : un exemple concret
Imaginons qu'un collaborateur vous sollicite une nouvelle fois pour prendre en charge une partie de ses dossiers, alors que votre charge de travail est déjà conséquente.
Version passive : "Euh... oui, effectivement. Je vais tâcher de trouver un créneau..." (puis vous prolongez vos journées, accumulant frustration et fatigue)
Version agressive : "Encore une fois ?! C'est inadmissible. Gérez vos priorités vous-même, je ne suis pas à votre service !"
Version assertive : "Je comprends que vous ayez besoin d'un appui sur ce dossier. De mon côté, je gère actuellement trois projets avec des échéances serrées. Je ne serai pas en mesure de prendre cela en charge cette semaine. Avez-vous envisagé de solliciter un autre membre de l'équipe ? Ou peut-être pouvons-nous examiner ensemble comment réorganiser les priorités respectives ?"
La différence est notable : la réponse assertive établit une limite claire ("je ne serai pas en mesure"), contextualise sans se justifier excessivement, et propose une approche constructive.
Cheminer vers une assertivité durable
Développer son assertivité est un apprentissage progressif. Il s'agit d'abord d'identifier ses propres mécanismes pour les faire évoluer. Chaque petite victoire compte : un "non" assumé, un besoin exprimé clairement, un désaccord formulé avec sérénité.

Si cette thématique vous parle et que vous souhaitez explorer vos mécanismes de communication, je vous invite à réserver un échange offert de 30 minutes.
Nous analyserons vos situations concrètes et bâtirons ensemble les leviers d’une communication plus assertive.
Un livre pour explorer le thème de l'assertivité
Le livre de Kim Scott "Radical Candor" propose un modèle de management basé sur la franchise bienveillante : challenger directement tout en se souciant personnellement des personnes.
Il illustre parfaitement les déséquilibres de l'assertivité : l'empathie ruineuse (dire "oui" par peur de blesser), l'agressivité odieuse (être trop tranchant), et la franchise bienveillante qui représente l'assertivité équilibrée.
Le livre fournit des outils concrets et des exemples vécus pour dire ce qui doit être dit sans détériorer les relations. C'est un investissement pragmatique pour tout manager qui veut améliorer la performance d'équipe tout en construisant une culture de confiance.




